Malgré l’interdiction de leur utilisation depuis plusieurs décennies en Europe, les insecticides organochlorés (le DDT par exemple) et les polychlorobiphényles (PCB) sont encore présents dans notre environnement. Ces polluants, appelés POP, sont dits persistants, se dégradent lentement dans l’environnement et peuvent s’accumuler dans les organismes vivants. La population générale est majoritairement exposée à ces polluants par l’alimentation, en particulier par la consommation de produit de la mer, de viande, d’œufs et de produits laitiers. Compte-tenu de la toxicité de certains POP sur la fonction de reproduction chez l’animal, des préoccupations sur les conséquences possibles sur la fertilité humaine ont été émises.
Près de 400 prélèvements de sang de cordon ombilical ont été analysés dans l’étude PÉLAGIE. 81% d’entre eux ont révélé la présence de pp’DDE (produit de dégradation du DDT) et la présence de PCB est observée pour 100% de ces échantillons. Les concentrations sériques de ces polluants observées dans la cohorte PÉLAGIE sont comparables à celles observées dans d’autres cohortes européennes. De façon générale, ces concentrations correspondent à une contamination environnementale résiduelle et sont ainsi très inférieures à celles observées il y a 30 ans.
Le temps qui a été nécessaire pour devenir enceinte est le délai nécessaire à concevoir une grossesse. Ce délai a été calculé pour toutes les femmes de l’étude PÉLAGIE qui avaient volontairement arrêté leur contraception pour être enceinte. Pour la moitié de ces femmes, ce délai est de plus de 3 mois. Les principaux facteurs étant associés à un allongement de ce DNC sont le fait qu’il s’agisse du premier enfant, le surpoids de la femme et le fait de fumer à la fois pour la femme et pour l’homme.
Existe-t-il un rôle des POP sur le délai nécessaire à concevoir une grossesse ? Les résultats de l’étude PÉLAGIE ont montré qu’une augmentation des concentrations sanguines de POP, notamment de PCB, était associée à un allongement du délai nécessaire pour concevoir une grossesse : par exemple il a été observé deux fois moins de chances de concevoir (lors d’un cycle menstruel donné) lorsque les concentrations sériques du PCB153 sont supérieures à 0.14 µg/L (pour 33% des femmes) que lorsque qu’elles sont inférieures à 0.09 µg/L (pour 33% des femmes). Dans la littérature scientifique, le rôle possible des PCB à ces niveaux de contamination environnementale résiduelle sur ce délai pour concevoir une grossesse est encore controversé. D’autres études sont donc nécessaires pour confirmer ou non les résultats de l’étude PÉLAGIE.
Et les produits de la mer particulièrement consommés en région Bretagne? Les résultats de l’étude PELAGIE n’ont suggéré aucune influence de la consommation de poisson sur le délai nécessaire pour concevoir. En revanche, un allongement de ce délai, estimé par une diminution de 30% des chances d’être enceinte lors d’un cycle menstruel donné, a été observé chez les femmes ayant une consommation régulière de coquillages et crustacés (au moins deux fois par semaine) par rapport aux femmes en consommant peu (moins de deux fois par mois). Cette diminution apparaît indépendante de l’exposition aux POP et pourrait s’expliquer par la présence d’autres substances toxiques dans ces produits de la mer.
